ON NE PEUT DONNER QUE DEUX CHOSES À SES ENFANTS…

« ON NE PEUT DONNER QUE DEUX CHOSES À SES ENFANTS, DES RACINES ET DES AILES.»

Antoine de Saint EXUPERY


En tant que psychologue clinicienne, j’aimerais témoigner d’une constante que j’ai relevée dans le fonctionnement psychique du tout jeune enfant, et que j’ai la chance de savourer avec la présence de mon petit fils Gaspard, à savoir cette faculté d’émerveillement et d’étonnement qui ouvre l’enfant d’emblée à la dimension sacrée de l’existence, à ce mystère qui ne se prouve pas, mais s’éprouve dans l’intimité de chacun.

C’est grâce aux enfants que je me suis laissée rattraper par le sacré. Le sacré qui renvoie au secret, mystérieux. Le sacré est ce qui naît de l’émerveillement, du respect, mais aussi parfois de la crainte qui peut aller jusqu’à l’effroi devant ce qui nous dépasse et nous submerge.

Les enfants sont dans le sacré à peu près jusqu’à l’âge de 5 ans, jusqu’à la formation cognitive et au surgissement de l’intellect logique et explicatif.
Dans leurs premières années, ils sont dans la pensée magique, celle qui capte le monde par association et par symbole. Après l’âge de 5 ans, l’enfant rentre dans l’intellect, dans la phase de la pensée raisonnante.
Rêve
Ce sacré demeure en nous, chez nous les adultes, sous la forme de poussières d’étoiles, d’éclats de lumière qui sont réveillées lors d’expériences amoureuses, spirituelles ou esthétiques. C’est cela qu’il faut conserver pour que la pensée ne recouvre pas tout, comme le vent du désert.

Les petits enfants sont des graines de poètes. Avec leurs questions et leurs dessins, ils nous entraînent dans le monde qui, depuis les origines de la vie, tourne autour des grands mystères de l’existence.

Les enfants ont une capacité à se recentrer sur l’essentiel que nous avons perdu. Une capacité à rebondir pour capter à nouveau le merveilleux. Ils nous apprennent à regarder le mystère de la vie. Les enfants savent encore rêver, grâce à leur imagination.

Ils ont besoin de se sentir enracinés pour pouvoir attraper le merveilleux en plein vol. Il est important de regarder la réalité telle qu’elle est jusqu’au bout, dans sa vérité, avec les mots de leur âge, même si celle-ci est dure. L’enfant a besoin de connaître cette vérité . C’est elle qui leur permet ensuite de rebondir.

Les enfants nous apprennent à être présents à ce qui est. Ils nous invitent à être là où il faut être. Ils nous rappellent qu’il y a en chacun de nous un espace resté pur et intact qui n’a pas été perturbé par les soubresauts et les blessures de la vie. Cet espace nous relie à ce qui nous dépasse, au plus haut qui est inscrit en nous. Et ils nous incitent à nous relier à ce sacré, à ce mystère qui est en nous. A cette partie de nous-même qui est restée intacte, mais que trop souvent nous avons oubliée et enfouie.

Laissons aux enfants des temps dédiés à la rêverie.

Être là, sans rien demander ou attendre…

Ce sont là des moments hors du temps où l’on se sent vraiment vivant.